Avec Paul Minthe, Gabriel Dufay et Lou Wenzel.
Texte et photos Philippe Barailla.
12 juin 2021
En première partie, Gabriel Dufay a lu un long extrait de « la Victoire de Samothrace », le livre écrit par Paul Minthe. Paul tenait à ce qu’une voix autre que la sienne évoque la douloureuse expérience qu’il a vécue en 2017 et 2018, à savoir un cancer des sinus, juste entre les deux yeux.
« A shot between the eyes ». Paul Minthe aurait voulu jouer les héros de western, mais 60 ans, 1,60m., 60 kg… pas idéal pour marcher sur les pas de John Wayne. Il a pourtant reçu une blessure en pleine face, comme un règlement de compte avec le destin.
Le récit de sa descente aux enfers est poignant, souffrance indicible, insoutenable, allégée de fréquentes pointes d’autodérision qui incitent à s’esclaffer, oubliant un instant la sévérité du propos. Isolé pendant des mois dans sa souffrance, sous la garde rapprochée de la faucheuse, il se voit scindé en deux personnages, d’un côté le malade, de l’autre l’homme, le mari, l’ami, l’acteur. Puis sa cancérologue rebaptisée par lui Miss Samothrace, a fini par vaincre le crabe comme Saint Michel a vaincu le dragon.
En deuxième partie, Gabriel Dufay a disserté sur les fantômes, auxquels il donne leur place dans notre quotidien ; loin des caricatures affublées d’un suaire et de chaînes, ils nous tiennent discrètement compagnie, comme l’acteur de cinéma mort mais qui apparaît toujours à l’écran et nous parle depuis sa rassurante éternité.
Pour finir, Gabriel a lu une autre de ses oeuvres en duo avec Lou Wenzel, long texte intitulé « Sauver la beauté », manifeste poétique résonnant comme les répons d’une messe militante, une mise en garde contre l’infiltration sournoise de la laideur dans notre pauvre monde.