Eugène Durif, auteur, acteur et dramaturge présente « Mister Tambourine Man », pièce en cours d’écriture dont il nous lit de larges extraits.
Commentaire Philippe Barrailla,
Photo JYL.
Photo JYL.
Eugène Durif
Ce titre, inspiré par une chanson de Bob Dylan où le poète chanteur supplie l’homme- orchestre de le délivrer de son spleen par sa musique, suit le cheminement d’un homme ordinaire mais tourmenté par un mirage, un souvenir anodin qui se transforme peu à peu en obsession.
Ses parents et lui ont toujours caressé le désir de « voir la mer ». Ce projet un peu vague conçu comme un rêve d’évasion ultime ne s’est jamais concrétisé mais, ses parents disparus ou empêchés, le héros n’a de cesse que de le réaliser seul, en leur compagnie imaginaire.
Partir en auto-stop par un jour de pluie, souffrir du froid, de la fatigue et de la faim, tout cela lui importe peu au regard de la mission qu’il s’est assignée. Dans sa pénible progression, il rencontre une fille et vivra avec elle quelques jours sans que leur relation décolle ; il vit avec elle sa première expérience amoureuse puis par hasard, au détour d’une route, il atteint la mer, l’objet de sa quête. Son monde s’élargit soudain de ces deux découvertes et, les pieds dans l’eau, la fille et lui promènent leurs deux solitudes dans le froid de la pluie et des vagues, au rythme lancinant du ressac. Il s’imagine enfant, entre son père et sa mère qui le tiennent par la main et le balancent presque jusqu’au ciel, et ressent le bonheur manqué, fugace, qu’ils auraient pu connaître ensemble en réalisant leur voyage idéal.
Le sujet, simple en soi, est magnifié par une écriture d’une poésie subtile où le coeur et l’émotion, les regrets, les mirages, prennent toute la place et emportent l’auditeur dans une promenade intime à l’écoute de ses propres rêves.