Atelier de clown – 03-08-2023

Texte Patrice Vatan
Photos JYL

Atelier "Le clown"

Clowns et clownesses, on est prié d’apporter son rire.
 
Vincent Rouche, l’animateur du stage de clown, prévient l’assemblée qu’elle ne rira pas forcément aux numéros que ses stagiaires à nez rouge effectueront.
Comment, douze clowns sont alignés comme à la parade sur des chaises, raides comme des piquets, fringués comme l’as de pique, avec de curieux chapeaux, et nous ne ririons pas ?
C’est que sous sa férule, le clown n’a rien de l’Auguste que Roger Lanzac présentait sur la piste aux étoiles de notre enfance, chaussé de drôles de groles, mû par une démarche grotesque et demandant d’une voix où la peur se distillait derrière sa bonhomie si ça allait les petits enfants.
Si on rit c’est de l’absurde né d’une situation imprévue que le clown met à profit pour parfaire son jeu car ce stage s’adresse aux comédiens.
Corseté par des règles très contraintes qui lui interdisent par exemple de sourire, il doit exploiter le moindre événement pour exister (ainsi de spectateurs en retard qu’il brocardera en monologue), voire porter un regard vide sur les pompes du voisin en étirant à ce point ce moment que rien dans la salle ne compte plus qu’elles.
Ou en s’emparant de mon appareil-photo qu’imprudemment je brandis sur Olivier, le stagiaire devant moi.
Le voilà échappé au fond de la scène, examinant sous toutes ses coutures ce modeste Sony comme un Australopithèque le ferait d’un Galaxy Fold, rejoint par deux compères qui tentent en vain de faire des selfies en le manipulant à l’envers, aux mains desquels le petit machin noir se pare de mythe ; c’est le monolithe de 2001 l’Odyssée de l’Espace approché par des hommes préhistoriques.
Situation absurde d’où sourd une poésie inattendue.
 
Vincent Rouche et Nathalie Rjewsky