Atelier de clown – 03-08-2022

Texte Patrice Vatan
Photos JYL

Atelier clown

Faire le clown, en rire ou pas ?
Ses manteaux empilés les uns sur les autres ne le prévinrent pas du froid qui régnait, selon lui, hier soir au Garage-Théâtre où la Compagnie du Moment sortait d’une résidence de treize jours.
D’être aussi éloigné du monde réel fait peur. On a eu peur hier soir face à ce clown hors sol.
Les clowns ne font plus rire. Ou alors dans les Ehpad quand on passe de vieilles vidéos de la Piste aux étoiles.
Le Joker et Pennywise, le clown de Ça ont dépouillé l’être clown de son vernis comique, et avant eux il y eut Gwynplaine, l’Homme qui rit de Victor Hugo, un homme qui rit jaune.
Entre la clownette qui d’un air triste à mourir entonne Le petit pain au chocolat de Joe Dassin, comme un disque rayé, et celle qui ne sait comment poser sa valise carton sur une chaise, nulle place pour la légèreté, la douceur de vivre.
Chacun sur son coussin de velours rouge était renvoyé au clown qu’il est dans la vie où aucun metteur en scène ne le guide. Personne pour lui intimer de laisser du temps, de porter le regard, de prendre en compte les rires qui fusent à son passage.
Aussi loin qu’il s’en souvienne Vincent Rouche, de la Cie du Moment, a voulu être clown. C’est autour de la figure du clown qu’il organise des stages destinés aux comédiens à en connaître plus sur soi.
« Ce n’est pas un spectacle, mais un atelier en cours » avait-il prévenu. D’où ont émergé des moments de grâce burlesque, proches parfois du « nonsense » cher aux Anglais, fragiles, desquels une quinte de toux ou une submersion de chaleur bienvenues permirent à de rares réfractaires de décrocher.
 
Vincent Rouche et Nathalie Rjewsky