Association Syndicats d’initiative. Mise en scène Philippe Macasdar. Avec :
Philippe Macasdar, Jean-Louis Hourdin et Karine Quintana.
Régie, Dominique Dardant.
Texte et photos Patrice Vatan.
Bertolt Brecht Pensées
Son double, son frère, Jean-Louis Hourdin.
Jean-Paul Wenzel fait route avec lui depuis 1966, l’époque de l’École supérieure d’art dramatique de Strasbourg. Ils ont créé dix ans plus tard, avec Olivier Périer, les rencontres théâtre à Hérisson, dans l’Allier.
L’invitation lancée au premier à Cosne autour des poèmes de Bertolt Brecht, dans le cadre d’un spectacle monté avec Philippe Macasdar et Karine Quintana, consacre le lien qui les unit fort, dont Brecht est un toron essentiel.
La fameuse distanciation brechtienne qui abolit le réalisme au profit de l’implication du spectateur, de son questionnement sur ce qu’il voit, se recompose au Garage Théâtre en une espèce de communion ; la scène y est carrément sur les genoux du premier rang.
Nul écart entre Philippe Macasdar quand il dit « La légende du soldat mort », équipé d’un faux nez et d’une capote de la guerre de 14.
C’est de plein fouet qu’on prend dans la tronche les chansons terribles interprétées par Karine Quintana, aidée d’un accordéon complice.
Quant à la tirade du passeport que livre le hiératique Jean-Louis Hourdin dont la silhouette tient de l’archétype, elle conserve 80 ans après son écriture une lucidité aveuglante, sous les oripeaux de l’humour : « Le passeport est la partie la plus noble de l’homme. D’ailleurs, un passeport ne se fabrique pas aussi simplement qu’un homme. On peut faire un homme n’importe où, le plus étourdiment du monde et sans motif raisonnable ; un passeport, jamais. Aussi reconnaît-on la valeur d’un bon passeport, tandis que la valeur d’un homme, si grande qu’elle soit, n’est pas forcément reconnue. »
Entre distanciation (sociale) et passeport (sanitaire), Bertolt Brecht a de beaux jours devant lui.