Claire Barrabès

Lecture à 4 voix d’extraits de 2 œuvres inédites de Claire Barrabès « Black March » et « Entre s’en foutre et laisser crever », avec sur scène :
Claire Barrabès,
Jean-Paul Wenzel,
Gabriel Dufay,
Lou Wenzel.

Impressions Patrice Vatan et Jo Delhomme
Photos JYL

Claire BARRABÈS

Elle se veut autrice mais Lou Wenzel penche pour auteure, Claire Barrabès est une écrivaine naturelle, ontologique.
Si l’on est ce que l’on mange, Claire est ce qu’elle écrit, incarnée, foisonnante, à fleur de peau.
Hier soir au jardin baigné de la lumière du soir, devant le bar éphémère, quelque chose de l’ordre d’une plénitude la désignait au sein du groupe de l’atelier d’écriture qui s’était tenu l’après-midi.
Puis le noir se fit sur deux textes dont elle a interprété des extraits, avec les renforts de Gabriel Dufay, Lou et Jean-Paul Wenzel.
Black March, c’est l’endroit où un grand pianiste qui se remet d’un AVC rencontre une jeune mère, où flottent des nuggets, des steaks trop cuits, des chaussettes, des mégots, où l’odeur du tabac froid et de l’alcool évoquent Gainsbourg.
Dans « Entre s’en foutre et laisser crever », un texte tout neuf écrit en résidence au Théâtre Dijon Bourgogne, une infirmière en burn-out convoque Françoise Sagan, avec tout ce que ça suppose de délires anachroniques.
L’écriture animale de Claire Barrabès, son sens inné des titres (ah, Dis camion ; 7 milliards damnés ; Soulevez l’opercule) incitent à aller voir plus loin. Pas le moindre des mérites du Garage Théâtre.
 
Patrice Vatan

Je passe à Cosne, qui lambine et paresse. Le soleil brille, l’été s’installe.
Une vie bondissante existe sur la scène du Garage Théâtre, Claire Barrabès est là.
Actrice, auteure et écrivain de théâtre prolixe, elle nous éclabousse de sa passion et de sa langue tonique déferlante, dérangeante.

Nous faisant toucher du doigt en un style grinçant parfois, les violences, paradoxes et ambigüités de notre vie actuelle. Elle va loin, « Black March », « entre s’en foutre ou laisser crever », elle met en lumière la marchandisation des corps, familles et société délétères. Elle convoque Sagan au milieu de souvenirs d’enfance, de transmission transgénérationnelle, on ne sait plus si le réel s’invite dans l’imaginaire ou si l’onirique et les inconscients se rejoignent reformant ainsi une nouvelle réalité. Le style est là.

À quatre voix , elle-même accompagnée de Gabriel Dufay, Lou et Jean-Paul Wenzel, elle nous entraîne à casser les codes, aller au-delà, à sortir du cadre. En recherche permanente, elle écrit avec joie nous dit-elle ! Elle ne sait pas combien c’est communicatif ! C’est un cadeau ! C’est le talent !

 Jo Delhomme