Pièce de Koffi Kwahulé
Mise en scène et jeu : Denis Lavant
Saxophone : Camille Secheppet
Impressions : Philippe Bareilla
Photos : JYL
Close up
Voici pour clore le festival une pièce de l’auteur ivoirien Koffi Kwahulé, jouée par Denis Lavant accompagné de Camille Secheppet au saxophone. La pièce étant en cours de répétition, le jeu se fait texte à la main.
« Close up » signifie « de près », « en plan rapproché », et c’est bien l’image qui vient à l’esprit quand on songe au type de relation qu’Ezéchiel, le « héros », entretient avec les femmes qu’il rencontre. Il fantasme sur le trouble, le malsain, l’excessif, toujours dans le domaine sexuel : son esprit est hanté par les soixante-dix vierges qui attendent les hommes dans le paradis des musulmans, par les infirmières qui, c’est connu, sont toujours nues sous leurs blouses, etc.
Mais on comprend vite qu’il y a autre chose…les réminiscences d’une enfance fascinée par une mère séductrice, de jolies comptines qui reviennent : « j’arme, je vise et je tire », « la mort est le seul chef d’oeuvre » , et on saute à pieds joints dans la psychopathologie sordide. Si certains les aiment blondes, Ezéchiel les préfère froides, plus exactement tuées par lui puis violées jusqu’à ce qu’elles aient perdu une grande partie de leurs charmes. C’est alors qu’il les coupe en morceaux, en remplit des valises qu’il va porter à la décharge.
Denis Lavant est extraordinaire d’énergie, de crédibilité, d’implication ; ce formidable acteur incarne à la perfection le cynisme de l’assassin le plus irrécupérable qui élève ses actes criminels au rang d’oeuvres d’arts, et bien sûr n’exprime aucune compassion envers ses victimes. Il aurait plutôt une nette tendance à l’auto-apitoiement, répétant sans cesse « miserere mei deus » pour le salut de son âme, -fortement compromis il est vrai.
Un détail m’a interpellé : Denis Lavant jette ses feuilles au fur et à mesure de l’avancée de l’intrigue ; le personnage ne fait pas plus de cas de son histoire que de ses compagnes, il y a une cohérence dans ce goût pour l’usage unique.
Mention spéciale pour Camille Secheppet et son énorme saxo baryton, qui accompagne avec flegme et détachement cet étalage frénétique et malsain.