De Jean-Pierre Martinet,
avec Denis Lavant.
Texte et photos Patrice Vatan.
La grande vie
Denis Lavant, point.
Quand un comédien à haute teneur explosive se cogne à un texte fortement inflammable, que se passe-t-il ?
Une standing ovation comme on n’en voit jamais à Cosne, consumant en un même embrasement le critique parisien blanchi sous le harnais et l’ouvrier viticole, dressés comme un seul homme face à une espèce de silhouette décharnée se confondant en remerciements alors que la sueur lui coule le long du corps, résidu non régurgité du texte qu’il vient durant une heure trente, non pas d’interpréter mais de dégueuler, de recracher sur scène : Denis Lavant.
Croisant la rue Froidevaux des années durant dans le bus 68 qui descendait vers le quai Voltaire, je n’aurais jamais imaginé que cette voie insipide, au nom vaguement répulsif, pût inspirer une nouvelle aussi énaurme, violente, noire, grotesque, obscène, truculente que « la Grande Vie ». Un texte hautement jouissif par les temps qui courent.
Jean-Pierre Martinet y invente en 1979 un personnage, Adolphe Marlaud, avorton mal né, coincé entre sa concierge au 47 rue Froidevaux, la fellinienne Madame C., et son employeur, un croque-mort.
Quand il n’en est pas prisonnier de ses seins à la Russ Meyer, Adolphe est traîné au cinéma par sa maîtresse qui a entendu beaucoup de bien d’un film porno qui s’appelle Les Limeuses. On imagine la soirée qui s’ensuivit au 47 rue Froidevaux.
Madame C. a fait d’Adolphe sa chose comme Denis Lavant l’a faite de La Grande Vie, dont il s’est pris de passion et a signé une préface pour la réédition du livre à L’Arbre-Vengeur, en 2017 (https://bit.ly/2Zc2iSe).
En tournage à Lourdes depuis fin août, Denis Lavant a répondu à l’invitation de Jean-Paul Wenzel sans barguigner.
« Viens à Cosne avec n’importe quoi mais viens », lui a lancé le Stéphanois aux chaussures pointues. D’accord je viens avec le Martinet, tu verras c’est bien.
On a vu.