Cie Les Colporteurs.
Mise en scène Antoine Rigot.
Avec Agathe Olivier, Damien Fortin-Levasseur, Coline Rigot.
Costumes Hanna Sjodin.
Mobiles Fredericka Hayer
Texte et photos Philippe Barrailla.
L'Échappée du Coryphée
En clôture de festival, la compagnie Les Colporteurs a donné un spectacle de funambules, mi-musical mi-fantastique, tout en poésie, inspiré du Jardin des Délices, le célèbre triptyque de Jérôme Bosch.
Au son envoûtant du violon de Coline Rigot, accompagnée à la guitare par Damien Fortin-Levasseur, tels les rats de Hamelin suivant le joueur de flûte, les spectateurs hypnotisés par la douce musique suivent les artistes, mais pour une destination plus enviable : un antre de verdure où des chaises accueillantes sont disposées de part et d’autre d’un solide câble métallique.
Cela commence en douceur : Agathe Olivier, porteuse d’un immense mobile fait de branchages où des oiseaux blancs oscillent comme des chiffons, évolue avec grâce et assurance sur le fil.
Puis Coline, vêtue d’une crinoline translucide, s’engage à son tour sur la précaire structure tout en continuant de jouer de son archet, entourée d’énormes pommes inspirées des fruits géants du tableau de Jérôme Bosch, et finit par en croquer une, comme l’a fait jadis -hélas pour nous- l’Eve du panneau gauche du triptyque.
Soudain, faisant écho au panneau droit et à ses représentations infernales, un oiseau de malheur tout emplumé de noir surgit des sombres frondaisons et vient prendre place sur le câble déjà occupé, fait reculer sa protagoniste, qui s’incline et se couche, enjambée par l’inquiétant volatile, pour la victoire finale du mal sur le bien.
Cet étonnant et beau spectacle restera dans nos mémoires ; il clôture joliment le festival 2021 du Garage Théâtre et laisse bien augurer de la prochaine édition, que nous attendrons avec impatience.