Texte et photos Patrice Vatan
Michel Deutsch
Initiateur avec Jean-Paul Wenzel du « théâtre du quotidien » au début des années 70, Michel Deutsch frappe le cinéphile par sa ressemblance frappante avec le cinéaste Michel Deville.
De cinéma, rien que de cinéma, il sera question dans sa lecture d’un manuscrit à paraître sur ses origines, avec en ouverture un audacieux parallèle entre les premiers travaux de Georges Méliès et la parution du premier livre de Sigmund Freud, « L’interprétation des rêves ».
On le pressent, l’attention du spectateur est requise.
Michel Deutsch cumule les métiers de la scène : dramaturge, traducteur, scénariste, metteur en scène, et avant tout écrivain. Pas comédien.
Silhouette toute de légèreté, à peine incarnée, qu’on devine s’exprimer pleinement dans le silence d’un cabinet de travail seulement troublé du crissement de la plume sur le papier qu’on froisse et balance dans la poubelle en un flop étouffé.
Une panne de micro juste avant la lecture eût causé ce flop redouté si le texte n’avait transcendé l’organe vocal minimaliste de Michel Deutsch, à l’image de son écriture théâtrale : lignes superbes sur la naissance du cinématographe, sur Méliès vivant dans une boutique de la gare Montparnasse, et sur ce cinéma muet, à la recherche de la bobine perdue dans une Grèce enneigée par Harvey Keitel dans le film de Theo Angelopoulos, « Le regard d’Ulysse », soutenu par la musique renversante, divine, de Eleni Karaindrou (https://bit.ly/3gfsW49).
Alors nous nous figeons à l’évocation de ce que nous tenons pour l’un des plus beaux films du monde, aussi tombé en oubli que l’est son auteur, bêtement renversé par un scooter en 2012, nous laissant orphelin.
Grâce soit rendue à Michel Deutsch de l’avoir ressuscité le temps d’une soirée si douce entre cour de garage et jardin enchanté.