Cie Kalaam.
Texte de Rachid Benzine.
Mise en scène, Mounya Boudiaf.
Avec Hammou Graïa, Margot Madani, Ali Esmili
Texte et photos Patrice Vatan
Née un 17 octobre
Elle s’appelle Marie-Myriam parce que son père était fan de cette ritournelle, L’Oiseau et l’Enfant. Pas un cadeau que lui a fait cet immigré algérien de la deuxième génération, activiste CGT au service de la défense des travailleurs immigrés.
Née le 17 octobre 2001, 40 ans après la manifestation du FLN, le 17 octobre 1961, qui fut réprimée dans le sang par le préfet Papon et fit plusieurs centaines de morts, elle est écartelée entre son aspiration légitime à la vie moderne et l’embrouillamini de ses racines à cicatriser.
Marie-Myriam se cogne à l’intransigeance paternelle qui fustige son comportement provocant, ses mini jupes « à ras la table de jeu », ses trop faciles conquêtes.
Quant à son grand-père Mostefa – immense et si modeste Hammou Graïa -, ouvrier chez Renault à la retraite et qui apprit le français dans « Nous Deux », son silence, son recul par rapport aux commémorations du 17 octobre auxquels elle prend une part active avec son père, l’étonne, l’agace.
La famille se déchire, s’affronte mais aussi s’embrasse autour de son identité, de ses racines, de ses cultures que chacun envisage de son point de vue. Et les non-dits qui ourdissent de lourds complots au-dessus des têtes.
C’est l’un d’eux que le grand-père déterre sous la forme d’une petite photo, serrée précieusement sur son cœur, qui apaise enfin et rassemble.
Cette pièce non encore publiée de Rachid Benzine, écrivain tenant d’un islam libéral francophone, est mise en scène par Mounya Boudiaf.
Un formidable travail de direction d’acteurs qui abandonne à l’arrière-plan un décor à la sobriété osseuse constitué d’un mur où sont projetés les noms des morts du 17 octobre.
Et de trois tabourets que le hasard des acquisitions a fait bleu, blanc et rouge alors que défile un bandeau final « Morts pour la France et l’Algérie ».
Hier soir, la nuit faite, le jardin vibrait de la haute tension échappée du Garage. On mit du temps à redescendre, à débriefer, le verbe aidé par le Nérot