Pablo Cueco
Mirtha Pozzi
Impressions Philippe Barailla et Patrice Vatan
Photos Nadine Mouloise, Patrice Vatan et JYL
Pablo Cueco & Mirtha Pozzi
Impressions Philippe Barailla
Cette brillante édition 2023 du festival continue avec un « concert-récital-spectacle » de deux percussionnistes de grand talent, Mirtha Pozzi et Pablo Cueco.
Ce duo a une façon bien personnelle de rythmer une soirée : non seulement il tire des sons d’un nombre étonnant d’instruments de formes et de sonorités diverses, mais il les accompagne de récits inattendus (dont un d’Henri Cueco, père de Pablo) ou scandent d’obscures litanies vocales.
Les instruments sont tous traditionnels, souvent d’origine très ancienne, et font voyager sur les cinq continents. Sans être exhaustif, on peut en citer quelques uns, du zarb ou tombak iranien (tambour placé sur les genoux et sur lequel on joue avec les doigts) au teponaztli aztèque (tambour à fente d’une seule pièce de bois), de la cajita péruvienne (boîte à couvercle) au n’tama (le « tambour parlant » d’Afrique de l’Ouest), du quitiplas africain (deux bambous choqués ou frottés), au bombo précolombien (grand tambour avec peau de chèvre brute) du gankoki (sonnailles métalliques) à la mandibule d’âne âgé (dont les dents déchaussées sonnent comme des maracas).
Sous cette austère énumération se cache une vraie richesse et beaucoup de beauté : les instruments, tous exposés derrière les artistes, sont magnifiques, chacun a son histoire et sa personnalité propres ; un véritable musée s’étale sur la scène. Chaque objet semble avoir un secret : comment en tire-t-on des sons, et quel son ? L’énigme fait partie du spectacle, joyeux et varié, servi par la virtuosité des deux musiciens ; il rappelle l’évidence que le rythme pur, -choquer simplement deux morceaux de bois-, parle à tout le monde, étant une des plus anciennes manifestations de l’art et la source de la musique.
Impressions Patrice Vatan
Percussions du monde
La musique s’affranchit du recours aux mots pour exister, surtout celle qu’invente le duo Mirtha Pozzi et Pablo Cueco – hier soir au Garage-Théâtre.
Il l’a percute sur des choses étranges nommées zarb, berimbau, teponastli ou quijada qui parlent d’abord aux tripes. Alors les mots…
Mais que Pablo Cueco explique le quijada comme une mâchoire de syndicaliste CFDT ayant mal tourné (ou quelque chose d’approchant), dont les dents se déchaussent afin qu’elles s’entrechoquent en notes de musique, alors les mots ont leur place ici.
Le quijada : une mâchoire d’âne.
Mirtha Pozzi et Pablo Cueco, cocasses, étonnants, surréalistes, absurdes mais surtout un drôle de talent.