Rémi Abram Quartet – 15-07-2022

Rémi Abram : Saxophone Ténor,
Claudio Celada : piano,
Dylan Kent : batterie,
Quentin Bourg Devret : basse.

Texte Philippe Barailla,
photos JYL

 

Hier soir, le Garage Théâtre a résonné des sons de jazz émis par le Rémi Abram Quartet. Fraîchement débarquée à Cosne en provenance directe de son fief marseillais, cette bande des quatre a investi sans délai la fameuse scène tendue de noir.

Claude Celada, pianiste, Dylan Kent, batteur, Quentin Bourg Devret, contrebassiste et Rémi Abram lui-même, saxophoniste ténor et soprano de grand renom dans le milieu du jazz, composent ce talentueux ensemble.

Leur style musical, le be-bop, inspiré par la figure tutélaire de Dexter Gordon, grand saxophoniste ténor, regroupe les styles issus du Dixieland (sud des États-Unis) et du Jazz Nouvelle-Orléans, mais sur un rythme plus rapide et avec un recours accru à l’improvisation. Il garde toutefois ses racines dans le jazz classique par opposition au free jazz et au jazz rock.

Pour l’occasion, les quatre complices ont mis leur talent à la tâche, chacun à son tour : chacun a exprimé son point de vue, sa vision d’un thème initialement proposé, en improvisant qui une rythmique, qui un débordement mélodique éblouissant de virtuosité.

Question temps de parole, le saxophone de Rémi était toutefois nettement favorisé, ce qui paraît logique. Cet instrument à voix multiples cache bien son jeu sous son apparente froideur métallique : tantôt suave et rauque, respirant du même souffle vital que le musicien – personnellement c’est là que je le préfère, tantôt résonnant d’éclats cuivrés d’une puissance insoupçonnée, propres à exprimer les violents combats de l’âme. D’une simple rengaine minimaliste on passe à des volutes, des vagues de notes où je défie quiconque de retrouver ses billes, comme un peintre brouillerait les couleurs de son gentil paysage initial pour atteindre la plus totale abstraction. La musique reste tonale, mais de justesse.

Cette belle démonstration a trouvé son public, l’assemblée cosnoise a apprécié, et l’a fait savoir en applaudissant debout – fait rare, à noter dans les archives.