Cie la Louve
Texte d’Arlette Namiand
Mise en espace Lou Wenzel
Avec Adrien Michaux, Célia Catalifo, Christine Gagnepain et Jean-Paul Wenzel.
Texte et photo Philippe Barrailla.
Rêves flambés
La pièce d’Arlette Namiand est mise en espace à l’extérieur, devant un très grand mur de tôle blanche, dans un angle coupant la scène en deux, permettant aux différents protagonistes de s’isoler visuellement. Pour seul décor, un banc noir et, posés là, une paire de souliers à talons rouges.
Le hasard rassemble quatre personnages que tout semblait séparer, leurs préoccupations, leurs obsessions, leurs fantasmes, leurs idéaux. On marche, on court beaucoup, on se cherche et on se fuit sans cesse. On disparaît d’un côté, on réapparaît de l’autre.
Sous un pont d’autoroute, Jimmy, un agitateur de foule en cavale recherché par la police, rencontre une femme aveugle qui s’accroche à lui comme à une bouée de sauvetage. La voix de Jimmy l’attire comme un aimant. Elle le suit pas à pas et l’appelle, tandis que lui n’a d’autre souci que de se cacher, de fuir le plus discrètement possible.
Dans sa quête tâtonnante, elle s’engage malencontreusement sur l’autoroute et provoque un carambolage, dont sortent deux personnages choqués ; d’abord une jeune femme hagarde, troublée par la vision d’une buse qui tournoyait au-dessus d’elle juste avant l’accident ; puis un flambeur de casino mal en point, titubant. Jimmy le soutient et le fait asseoir. « Je meurs et je ressuscite à chaque instant ! », lui lance-t-il . Une complicité s’installe entre eux, le joueur arrive aisément à convertir le révolutionnaire idéaliste à ses visions pragmatiques d’argent facile, malgré les mises en gardes enflammées de la femme aveugle, qui le supplie de garder « le rêve et la colère », de poursuivre son idéal de justice sociale.
Les accidentés et l’agitateur, complices, quittent la scène, tandis que la femme, rendue à sa solitude opaque et silencieuse, continue d’appeler sans relâche « Jimmy, Jimmy… », la voix d’une conscience que plus personne n’écoute.